Du 2 au 22 Novembre 2020, s'est tenu le Salon d'Automne de la Société des Beaux-Arts de Boulogne-billancourt, à l'Espace Landowski, centre dans lequel se déroulent les évènements parmi les plus marquants de la vie culturelle et artistique de la commune.
Soixante dix exposants, peintres , photographes et sculpteurs ont proposé une oeuvre au sujet libre.
Installée trois jours à l'avance, cette manifestation a été victime du second confinement et a donc été vue par aucun spectateur en personne.
Heureusement les membres du bureau ont réalisé un diaporama d'installation ainsi qu'une visite filmée. Il a été ainsi possible d'admirer l'ensemble des oeuvres ainsi que la scénographie de l'exposition, durant cette période de restriction, et l'on pourra toujours dès lors le faire car ces vidéos sont disponibles sur You Tube ainsi que sur le site de la SBABB .
Pour ma part j'ai proposé un double portrait de grande taille intitulé ;
Salvadores - acrylique sur toile - 116 x 89 - 2020 - signé en bas à droite
Il s’agit du portrait de Salvador O. et de son fils Salvador O. Jr , réalisé à Boulogne-Billancourt. Les éléments essentiels ont été photographiés au Mexique durant l’hiver 2018, dans la résidence d’été du dédicataire.
Le projet initial est de représenter le sujet « en majesté » , assis, son fils en retrait debout derrière lui, l’avant-bras sur l’ épaule.
Comme les monarques, il tient une canne de la main droite, en guise de sceptre et un globe dans la main gauche. Le sceptre, emblème du bâton de commandement, le globe symbolisant l’universalité du pouvoir.
Le parti choisi est de ne représenter que les visages et les mains comme dans certaines toiles de G. Klimt. Le reste du tableau devant illustrer divers aspects de la civilisation mexicaine, ou des éléments relatifs à la vie du sujet.
Un dessin préliminaire est réalisé ( paysage de lac, voiture ancienne, pyramide aztèque, arums, pointettias, papillons monarques ) puis abandonné, au profit d’un choix de simplification.
On s’inspirera davantage des portraits de la Renaissance, à fond noir. On conservera le motif des arcades de l’atrium de la maison d’été. On choisit de représenter le foot-ball et le golf, qui sont les grandes passions des deux Salvador, et quatre éléments symboliques de la civilisation mexicaine : les arums ( alcatraz ) , les poinsettias ( flor de nochebuena ), les papillons monarques ( mariposas monarcas ) et le colibri ( chupaflores ).
La composition est frontale. Le sujet principal occupe le centre de la toile. Il regarde le spectateur de face. Il sourit. Il repose sa main droite sur un club de golf comme sur une canne royale , et présente de la main gauche tendue une balle de golf que vient butiner le colibri.
Il s’agit là du détournement de l’image de l’orbe crucigère, symbole des monarques européens: le globe surmonté d’une croix. Ce globe représente dans l’iconographie occidentale à la fois l’univers et la terre en son centre. La croix qui le surmonte indique la domination du Christ sur l’ensemble du monde. Les diverses toiles pieuses représentant le Christ portant un globe crucigère sont dénommées Salvator lundi, ce qui entre en résonance directe avec les prénoms des destinataires . Le monde tenu dans la main est celui du golf, que Salvador maîtrise. Le colibri qui le surmonte et semble s’y abreuver est un oiseau migrateur endémique du Mexique qui rejoint l’ amérique du nord pour y nicher. Il se nourrit du nectar sucré des fleurs. Il symbolise la résurrection. Les aztèques pensaient qu’il était l’incarnation de l’âme des guerriers défunts.
Le second personnage se tient debout , souriant, la main droite affectueusement posée sur l’épaule de son père. Comme ce dernier il fait face au spectateur.
Seuls les visages et les mains des sujets sont représentées sur le fond noir, laissant imaginer la position des épaules et des bras. La tenue est un vêtement de sport noir: chemise polo pour le père, tee-shirt et sweater pour le fils sur lesquels se détachent comme emblème : un papillon pour le père, une fleur de poinsettia, pour le fils.Le visage de ce dernier se détache à peine sur le fond qui n’est autre qu’une arcade composée de deux voûtes. La droite à peine esquissée est illuminée. La gauche est habitée par le ballon de foot-ball blanc, à motifs serpentins trichromes, commémoratif de la coupe du monde de foot-ball au Brésil en 2014 .
Le centre de la toile montre à gauche une brassée d’arums, à droite une envolée de papillons monarques. L’arum est une fleur emblématique de la peinture mexicaine. Le papillon monarque est un insecte migrateur qui vit en amérique du nord et vient se reproduire en masse dans les forêts de sapins des hauts plateaux centraux du Mexique ( Estado de Mexico et Michoacan).
La partie inférieure du tableau est occupée à gauche par un buisson de poinsettias, en dessous et à droite par l’illustration d’un parcours de golf : un bunker et un green bordé d’une haie d’arbres
L’ensemble de ces motifs guide le regard du spectateur selon une trajectoire en 8, qui emprunte une diagonale descendante ballon - balle de golf - trou du green, une diagonale ascendante poinsettia - papillons monarques. Rappelons que les aztèques furent les inventeurs du jeu de balle au pied. La balle de latex utilisée devait être envoyée à travers un anneau de pierre scellée dans les murs du terrain, sans jamais toucher terre.
On notera également qu’en nahuatl ( la langue des aztèques ) le papillon monarque se dit quetzalpapalotl ou papillon sacré. Il était dans le Mexique précolombien l’objet d’un culte. On considérait qu’il incarnait l’âme des enfants morts revenant sur terre, l’âme des héros, des personnages important, des guerriers morts au combat ou sacrifiés et des femmes mortes en couche. Il incarnait le mouvement, et en particulier celui du soleil. Les dessins de ses ailes étaient sensés représenter les traits d’un visage. La Poinsettia ( flor de nochebuena ) représentait pour les mexicas un symbole de pureté et de vie nouvelle pour les guerriers défunts. Son nom nahuatl est cuetlaxochitl qui signifie : fleur de peau ou fleur qui se fane.
La palette est limitée : cinq couleurs, blanc et noir.
Le choix des couleurs principales est celui du drapeau mexicain: le vert, le blanc et le rouge et ses couleurs accessoires, celles des armes du Mexique : le brun ( le rapace : caracara du Nord, le rocher , le serpent crotale ), le jaune ( or ) , le vert ( le cactus ) et le bleu ( le lac de Texcoco ) .
Ces couleurs sont également celles des symboles utilisés : les arums ( vert, jaune et blanc ), les poinsettias ( rouge, vert et jaune ) , les papillons monarques ( bruns et blanc et noir), le ballon ( blanc, bleu, vert, ocre ), le colibri ( blanc, brun et vert) , le golf ( vert, blanc, jaune, rouge ).