Organisé par la municipalité de Metepec, sous l'égide de la Direction culturelle
et du fonds artisanal, et du Centre Culturel du Diocèse, cette exposition de
dessins et d'aquarelles est centrée sur le thème des paysages français.
Son titre : Un Périple en France, illustre trois pôles d'intérêt : Paris, Lussan et
l'Aubaret , à savoir, la capitale où je réside, le village gardois de ma lignée
grand-maternelle et le hameau lozérien de ma lignée paternelle.
Cette exposition dont l'inauguration s'est déroulée en mon absence a été
présentée par Mme Valérie Servière-Castillo. De nombreuses personnalités
étaient présentes à l'occasion du vernissage.
Originellement prévue pour durer une quinzaine de jours ( du 2 Décembre au
24 Décembre 2014) , elle a connu un grand succès, et s'est prolongée jusqu'à
la fin Janvier 2015.
Aujourd'hui elle est destinée à être présentée dans d'autres municipalités de
l'Etat de Mexico :
à partir du 9 Février 2015 à Mexicalcingo pour une durée de un mois.
"Aussi loin que je remonte dans ma vie , j'ai toujours
dessiné. Enfant, mon père m'ayant donné en cadeau un vieux stylo à encre, je m'exerçais à reproduire les gravures
d'animaux du dictionnaire familial, et j'en remplissais de petits carnets que
je garde encore. J'avais pour mon père une grande admiration, car, il savait
faire de petits croquis représentants des personnages, des visages ou des
objets, avec beaucoup d'aisance et de spontanéité, et voir apparaître ces
représentations au bout du crayon avait pour l'enfant que j'étais, un aspect
magique.
Ainsi, j'ai dessiné spontanément pendant toute mon enfance
et mon adolescence, adaptant mon style au gré des influences artistiques les
plus diverses. La bande dessinée, en particulier celle d'Hergé, a joué pour
moi, comme pour tous les garçons de ma génération un rôle prépondérant. Le
dessin de contour à l'encre colorisé est devenu un style familier, et j'ai
beaucoup copié les planches de Tintin. Avec l'adolescence , je me suis
familiarisé avec l'œuvre de Gauguin, de Modigliani, de Gromaire, Mondrian,
Soutine, tous peintres très graphiques, aux solides compositions étayées de
contours bien marqués.
Mais l'apprentissage de la "peinture" a été pour moi infiniment plus laborieux;
je ne me sentais jusqu'alors aucune habileté au pinceau et restais béat
d'admiration devant les portraits imaginaires que peignait à l'huile ma sœur
aînée. Enchanté par la vigueur de la touche, j'essayais d'obtenir la même
intensité avec le dessin à l'encre. J'utilisais des plumes de plus en plus
larges, je réalisai des dessins de plus en plus grands. La largeur du trait
équivalent à celle de la brosse plate.
L'étude de la peinture à l'école avait été un échec. Les
quelques tentatives personnelles que j'avais effectuées s'étaient soldées par
des paysages aux couleurs de boue, aux auréoles insupportables.
Ce n'est que dans
les années 70-80 que j'ai découvert l'aquarelle, en Angleterre.
En France, l'aquarelle est la plupart du temps considérée
comme un moyen d'esquisser, un genre mineur, et de surcroît assorti de
contraintes invraisemblables : il faut peindre vite, sinon on perd toute la
spontanéité du médium, le repentir est impossible, on ne doit jamais revenir
sur un lavis. Bref, une technique de brouillon pour virtuose!
C'est peut-être cette aura de difficulté qui m'a stimulée,
car le dessin à l'encre aussi n'admet que très peu de compromis.
En Angleterre, j'ai découvert ce que cette technique pouvait produire dans
des mains habiles. Et un déclic s'est produit. Je me suis mis à peindre des
paysages, timidement, pour ne pas gâcher mes premières tentatives, ni mon
plaisir.
Depuis, j'ai énormément étudié et appris dans de très
nombreux ouvrages consacrés à l'aquarelle, tant britanniques, américains,
italiens, hollandais, espagnols que français. Chaque pays ayant une école
d'aquarellistes et un style particulier.
Il y a presque dix ans maintenant, j'ai entrepris
l'apprentissage de la peinture à l'huile, "à l'ancienne", comme on
parle de musique ancienne, celle des maîtres du 15° siècle au 18°, dans
l'atelier de Marino Barberio à Paris. Ce peintre-copiste a retrouvé, analysé et
synthétisé tous les traités de peinture des maîtres anciens, et enseigne leur
technique, par la reproduction de leurs œuvres.
Je me suis ainsi familiarisé avec l'huile. A partir de là,
tout naturellement l'acrylique est devenu aussi un moyen d'expression pour moi.
Tout naturellement, ma source d'inspiration s'est révélée
être le paysage. Je l'aborde sous
l'angle à la fois descriptif et analytique. Ce sujet est l'occasion de réaliser une image qui soit
composée, équilibrée, de façon quasi abstraite, tout en gardant ses caractéristiques spécifiques:
chemins, constructions, végétation.
Je travaille surtout en atelier, a partir de croquis
réalisés sur le motif, ou bien à partir de clichés photographiques auxquels je
fais subir de nombreux traitements de mise en forme , et qui, projetés sur
grand écran, me servent de sujet.
Le travail en atelier permet de réaliser une
ré-interprétation du sujet, sans être soumis à l'influence de la couleur
locale. On peut ainsi changer l'éclairage, dramatiser les ciels, recomposer
sans se laisser aller à la reproduction servile de l'environnement que notre
œil rencontre.
Les aquarelles présentées ici constituent une commande
particulière. Il s'agissait de montrer un florilège de vues de Paris, comme
autant de cartes postales, comme les pages d'un carnet de voyage.
Bien qu'habitant à Paris, je ne me suis jusque là jamais
vraiment intéressé à la ville comme sujet. La ville représente mon environnement
quotidien, c'est donc à peine si je la remarque, même si je porte en moi la
petite mélodie chantée par Maurice Chevallier : " Paris sera toujours Paris, La plus belle ville du monde … "
Il m'a donc fallu explorer Paris, visiter Paris, me fondre
dans le flot des touristes, marcher sur leurs traces, découvrir avec eux les
monuments, les lieux, les places .
Le choix des sujets est personnel, de même que la façon de
les présenter. J'ai privilégié la composition graphique, m'attachant parfois à
un détail d'architecture plutôt qu'à un édifice dans sa totalité, tout en ayant
la volonté de vous présenter un aspect représentatif des paysages parisiens :
monuments incontournables, centre ville historique: le "cœur de
Paris".
Au plan stylistique, pour les tableaux peints, j'ai gardé le
parti-pris du dessin aquarellé: tracé à l'encre de chine préalable, lavis
d'aquarelle surajoutés.
Il ne s'agit pas de présenter une vision descriptive du
paysage parisien, mais de réaliser une représentation stylisée, parfois réduite
au détail, dont les contours n'ont pas la volonté de reproduire la réalité mais
d' induire chez le spectateur une perception équivalente à celle qu'il pourrait avoir sur le lieu même.
Ceci s'avère particulièrement clair si l'on regarde les vues
de Paris à distance ( 4 à 5 m).
Tout paraît précis. Si l'on s'approche, on découvre des
formes incongrues, des masses dont on ne devine pas le sens, des tracés
sybillins.
En somme : abstraction de près, figuration de loin.
Les dessins à l'encre de chine sur papier ont pour sujet des
paysages du midi de la France, en particulier le petit village fortifié de
Lussan ( Gard) , et les paysages de montagne du Mont Lozère du Pont de Montvert
(Lozère). Ces deux sites constituent les berceaux de ma famille, et ne sont
distincts que de quelques dizaines de kilomètres, mais illustrent par leur
caractère et leur opposition, l'incroyable variété des paysages français.
Les vues de Lussan montrent un environnement forestier, le
plateau Ardéchois, couvert de garrigue: végétation dense faite de chênes verts,
entrecoupé de vallées fertiles . Le village assis sur son rocher domine la
vallée. Son château se dresse fièrement dans le ciel. Village-forteresse, ceint
de ses remparts, Lussan sommeille , assoupi sur son histoire.
Les dessins du Pont de Montvert montrent les paysages du
Mont Lozère constitués
d'amoncellements de blocs de rocher et de genêts. C'est un
endroit quasi désertique,
au climat extrême, brûlant en été, couvert de neige en
hiver, aux rares habitations faites de granit rose, aux toits de schiste. De
rares troupeaux de bovins et de moutons paissent dans des enclos. Dans le ciel
tournent les rapaces.
Les dessins à l'encre sont réalisé selon une technique
utilisant le point et le trait.
Le point peut être employé pour donner un effet de
structure, ou bien, employé en nappes pour décrire le modelé. Je m'en sers donc
pour aborder les reliefs en clair-obscur.
Le trait, rarement continu, est utilisé le plus souvent en
palissade, en éventail, rarement en hachures. Il permet de transcrire les
valeurs et les masses. Il confère également une dimension rythmique au dessins.
La végétation constituée de buissons de genet bénéficie parfaitement de cette technique.
Contrairement à ce qui apparaît dans les aquarelles, le
trait dans les dessins à l'encre ne suit pas le contour de l'objet, mais en
structure la masse, et par sa densité, lui donne sa valeur, claire ou sombre."
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