Boulogne Billancourt du 17 Mai au 10 Juin 2018
Dans le cadre de cette manifestation, j'ai le plaisir de proposer une toile : Le buisson ardent
- acrylique sur toile - 89 x 116 - 2013 .
La création artistique est un processus que l'on ne
saurait expliquer. On peut en décrire les aspects techniques, mais on ne peut
en dévoiler la genèse authentique et profonde. Et l'artiste lui-même est bien le
dernier à savoir pourquoi et comment l' œuvre est venue entre ses mains.
C'est précisément
le cas du buisson
ardent. Il ne s'agissait au départ que d'un projet purement illustratif :
représenter le panorama que l'on peut observer à
l'ouest, sur le rempart du petit village de Lussan, dans le Gard, berceau de ma famille et l'un de mes sujets de
prédilection. Cette vue embrasse
successivement au lointain la chaîne des Cévennes, et particulièrement le Mont
Lozère, puis en se rapprochant, la garrigue, propre à cette extension méridionale du plateau ardéchois,
enserrant le château de Fan, demeure ancestrale de la famille Gide, les terres agricoles, et au premier
plan les cyprès, témoins silencieux de l'emplacement de l'ancien cimetière du
village, déplacé dans la plaine au moment de la Révolution.
Ce qui n'aurait été qu'un paysage, par son dessin
est devenu peu à peu un autre tableau. Le ciel s'est assombri ainsi que la
plupart des montagnes et la majeure partie de la végétation, ne laissant plus
paraître dans la lumière que les monts de Lozère, le château , les terres et
deux arbres du premier plan. D'autres
éléments sont entrés en résonnance.
C'est ainsi que la dimension personnelle et
généalogique m'est apparue. Ma
famille est originaire d'un minuscule hameau accroché aux flancs du mont
Lozère, dans la commune du Pont de Montvert. Chassée par des conditions de vie
extrêmes, mes aïeux ont émigré dans la plaine et se sont finalement établis à
Alès à 30 kilomètres de Lussan, où vivait la famille de ma grand-mère depuis de
nombreuses générations.
Un autre aspect, historique, cette fois, peut être
évoqué a propos de cette toile. Cette traînée blanche qui descend en serpentant
des montagnes semble évoquer l'épisode douloureux de la guerre des Camisards.
Sous les ordres du Maréchal de Montrevel, les troupes de Louis XIV , après dix
ans de guérilla parvinrent à
" pacifier " les Cévennes. Les villages et les champs
incendiés, les habitants de ces montagnes qui avaient échappé aux galères
durent chercher refuge dans les garrigues, plus basses. C'est la période dite
du Désert. Notre village gouverné par un seigneur protestant passa au
catholicisme lorsque, pour acheter la paix civile, celui-ci décida d'abjurer.
Dans la plaine, les derniers camisards furent réduits à merci. Cependant chacun
essaya de rester fidèle à sa foi.
Et c'est ici le lieu du troisième aspect, la
dimension théologique. Celle du désert :"Qu’il s’agisse d’anachorètes ou d’ermites,
de grottes ou d’ermitages, de désert physique ou allégorique, de monts ou de
vallées, le thème symbolique du désert apparaît en Orient comme en Occident. Se
retrouve-t-on mieux dans l'isolement ? La vérité est-elle une expérience vécue
dans l'abandon des autres ? La théologie du désert est propre à la chrétienté
des premiers jours, véhicule de pénitence, et tient sa source dans l'Ancien
Testament et le Nouveau (Louis Segond)".
Celle de la Lumière:Le symbole du buisson
ardent est à rapprocher de celui de la menorah ( dont la lumière, selon la
Kabbale, serait la Shekhina, c'est à dire la présence de Dieu ), chandelier à
sept branches lui aussi buisson ardent, et peut indiquer dans le texte de
l'Exode le transfert du Temple au Désert, Dieu demandant à Moïse de retirer ses
scandales pour paraître devant Lui, comme au Temple.
Dans la tradition
orthodoxe, le buisson ardent manifeste l'énergie, la lumière incréée de Dieu.
Les artistes exposant et les organisateurs |
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